Pline l'Ancien, qui consacre au plomb un long passage de son Histoire naturelle , distingue le plomb blanc, produit notamment en Espagne, qui est de nature plus sèche, est utilisé en alliage, en particulier pour l'étamage, et le plomb noir, qui est tout humidité : « Du plomb noir nous faisons des tuyaux et des plaques ; on l'extrait à grand-peine en Espagne et sur toute l'étendue des Gaules ; en Grande-Bretagne on le trouve à la surface du sol en telle abondance qu'une loi interdit même d'en produire plus d'une certaine quantité ». Pline souligne ainsi deux caractères particuliers de ce métal : une production nettement localisée, des emplois spécifiques. L'étude du commerce du plomb au Moyen Âge confirme que le plomb n'est produit que dans quelques pays, une localisation encore plus réduite que celle du vin ou du sel. Le principal producteur en est la Grande-Bretagne (Cornouailles, pays de Galles, York-shire, Derbyshire), et on en trouve encore dans l'Eifel et le cours moyen de la Moselle , la France et l'Espagne du Nord (Galice, Cantabrie). C'est dire qu'on peut s'attendre à ce qu'il soit moins employé dans l'Europe du Sud que dans l'Europe du Nord. Pour son utilisation Pline parlait de tuyaux et de plaques, les architectes la constatent pour les couvertures des toits, gouttières et canalisations , tandis que les chroniques et autres sources écrites citent toits, fonts baptismaux, vases d'eau bénite, reliquaires, sarcophages, calices, patènes et croix funéraires, lames placées dans les tombes. Le plomb a l'avantage d'être très malléable et de se prêter parfaitement au martelage. Il est aussi « résistant à certains agents de dissolution dans le sol et dans l'air », d'où son utilisation dans de très nombreux usages, et notamment pour les inhumations. Ajoutons que c'est un métal dont le prix est peu élevé et qui ne nécessite pas, pour être mis en œuvre, des ouvriers très qualifiés. Et son intérêt, pour l'épigraphiste, est qu'il a servi de support à des inscriptions dans des domaines très précis, à quelques exceptions près : les lames ou croix placées dans les tombes, les identifications de reliques ou de translations de corps, où l'on retrouve la facilité de transformation en plaques et l'avantage d'une longue conservation à l'intérieur d'une tombe ou d'un reliquaire, et en troisième lieu, les enseignes de pèlerinage qui ont pu être produites à vil prix en très grand nombre.